LUNDI 26 MARS 2018 – 18h30 – Médiathèque Jacques-Demy, salle Jules-Vallès
Lianhuanhua, manhua ou mangas ?
Echos de la peinture traditionnelle dans les bandes dessinées chinoises
Marie Laureillard
On distingue dès les années 1920 à Shanghai deux sortes de bandes dessinées : les lianhuanhua (« images en série ») et les manhua (« images faites à sa guise », traduction du terme japonais manga). La première est considérée comme une version locale de la bande dessinée dans le droit fil des bois gravés et de l’estampe, tandis que la seconde est plus proche des modèles occidentaux et japonais. Ces deux media deviennent un moyen de distraction et d’éducation très prisé. Adaptations de pièces de théâtre, de films, de romans ou de nouvelles classiques et modernes, les lianhuanhua, dces petits fascicules de format rectangulaire qui tiennent dans une poche, dotés d’une image par page accompagnée d’une légende et parfois de bulles, jouent un rôle considérable de vulgarisation littéraire, historique, voire scientifique. Elles seront tout particulièrement appréciées des lecteurs et des autorités après la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Ce sont les lianhuanhua, qui empruntent le plus à la peinture chinoise classique, se rattachant parfois explicitement au style « gongbi » (Le pavillon de l’Ouest de Wang Shuhui, 1954) ou « xieyi » (La peau peinte de Chen Shifa, 1955). Les manhua peuvent s’en inspirer à l’occasion, comme chez Feng Zikai ou Zhang Guangyu. Certaines créations déboucheront même sur des dessins animés comme Le roi singe (1961-64) ou Impression de montagne et d’eau (1988). Enfin, on s’interrogera sur le devenir des bandes dessinées chinoises aujourd’hui à travers l’exemple de Zao Dao (née en 1990).
Marie Laureillard, maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l’Université Lumière-Lyon 2 et membre de l’Institut d’Asie orientale de Lyon (Lyon 2-ENS-CNRS), mène des recherches sur l’art, la littérature, l’esthétique, la sémiotique du texte et de l’image du monde chinois moderne et contemporain. Elle est également traductrice littéraire et dirige une collection de poésie taïwanaise aux éditions Circé. Auteur de Feng Zikai, un caricaturiste lyrique. Dialogue du mot et du trait, L’Harmattan, 2017, elle a co-dirigé avec Vincent Durand-Dastès Fantômes dans l’Extrême-Orient d’hier et d’aujourd’hui aux Presses de l’Inalco (2017) et écrit de nombreux articles sur l’art et la poésie, dont « L’âge d’or des bandes dessinées chinoises dans les collections de la Bibliothèque municipale de Lyon (1949-1985) » (Gryphe, n°27). Elle a participé à Style(s) de (la) bande dessinée, Paris : Garnier, « Intermedia » (à paraître en 2018).
Lieu : Médiathèque Jacques Demy – Salle Jules-Vallès
Adresse: 15 Rue de l’Héronnière, 44000 Nantes