REFLETS DU CINEMA CHINOIS
11e édition


Les Routes de la Soie

一带一路

La « Route de la Soie » est une expression à laquelle on accorde des significations selon les époques et selon les points de vue. La programmation du festival Reflets du cinéma chinois entend évoquer ces diverses significations.

Les « Routes de la Soie », c’est la rencontre entre l’Occident et l’Orient, notamment dans le domaine militaire, comme entre les armées chinoises et romaines au Ier siècle avant Jésus-Christ (dynastie des Han) (Dragon Blade).

Mais c’est aussi un espace d’échanges pacifiques, comme dans le cas du port de Quanzhou (Zaytoun, avant la fermeture de la Chine au XIVe siècle, sous les Ming) (Zaytoun, la Chine des Merveilles).

Les Routes de la soie passent par les marches de l’empire, comme au Tibet (Tharlo, le Berger tibétain), où depuis plusieurs siècles, des peuples non Han vivent sous l’autorité de Pékin.

Les multiples liens tissés entre la Chine et le reste du monde, auxquels on associe les « Routes de la soie », c’est aussi la diaspora chinoise présente en Occident, comme en Italie (La Petite Venise).

Du point de vue occidental, c’est la découverte du monde chinois, notamment à travers la présence des Jésuites à la cour impériale, sous les empereurs mandchous (XVIIIe siècle) (Le Portrait interdit)

A l’inverse, du point de vue chinois, c’est la tentation d’une Conquête de l’Ouest, tant par le passé, avec Zheng He, au XIVe siècle (sous les Ming) (Zheng He, l’empereur des mers) qu’aujourd’hui avec le programme actuel des autorités chinoises « Une ceinture, une route » (Chine, à la Conquête de l’Ouest).

Les « Routes de la Soie », c’est aujourd’hui surtout un projet politique mis en place par Xi Jinping, le Président de la République populaire de Chine.

Une ceinture, une route (Yi dai yi lu 带一路)

L’entrée et la prééminence de la Chine à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) dont elle devient un des plus fidèles avocats, ainsi que le nouveau cours politique pris par Pékin depuis la présidence de Xi Jinping sont deux des traits qui brossent la nouvelle stature de l’Empire du Milieu dans le concert des nations. Elle n’est plus seulement le leader des pays émergents – dont les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) – mais celui d’un autre camp dont le groupe de Shanghai est le noyau. Elle revendique désormais le statut – sinon le titre – de superpuissance, concurrente de l’hyperpuissance des États-Unis, avec laquelle elle aimerait former le couple suprême. Parmi les indices les plus visibles de cette irrésistible ascension figure le geste épique de réinventer « la ceinture économique de la route de la soie et la route maritime du XXIe siècle », d’abord résumé par l’expression « une ceinture, une route » (Yi dai yi lu  一带一路) puis internationalisée en OBOR (One Belt, One Road) ou encore en BRI (Belt Road Initiative).

Face aux soupçons d’expansionnisme exprimés par la presse internationale et de nombreuses chancelleries occidentales, le président chinois a rappelé, dans son discours au Forum de Bao (Hainan, mars 2018) que cette formule ne cachait ni un nouveau plan Marshall, ni un complot géostratégique, mais était « un projet ensoleillé » : « L’initiative vise à atteindre une connectivité dans les domaines de la politique, des infrastructures, du commerce, de la finance et entre les peuples, à établir une nouvelle plate-forme pour la coopération internationale et à créer de nouveaux moteurs pour le développement partagé afin de bénéficier à davantage de pays et de peuples » a indiqué Xi Jinping.

Dépassant le conseil de Deng Xiaoping de ne s’engager dans le concert des nations qu’avec discrétion et en cachant ses talents, le Centre incarné par le président Xi veut hisser la Chine au premier rang des nations pour la célébration du centenaire de la République de Chine en 2049, de sorte que le modèle politique qu’il propose soit reconnu comme une alternative civilisationnelle au modèle occidental. La Chine entend accélérer  la mondialisation ainsi que la croissance des volumes commerciaux internationaux, alors que se font jour des tendances en Occident à la dé-mondialisation. Pour conquérir les esprits, le soft-power chinois recourt à la formule d’un partenariat « gagnant-gagnant ».

Du point de vue géographique, deux parcours sont présentés comme prioritaires : « La ceinture économique de la Route de la Soie » et « La Route de la Soie maritime du XXIe siècle » visant l’Afrique et surtout le marché européen.

Chine Nouvelle (Xinhua), le 07 juin 2018

Au mois d’octobre 2015, 14 pays membres de l’Union européenne (UE) sont devenus des membres fondateurs de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), un événement emblématique de la coopération Chine-UE dans le cadre de l’initiative de « la Ceinture et la Route ». La même année, le 17e sommet Chine-UE et le 4e sommet Chine-PECO (Pays d’Europe centrale et orientale) ont permis de concrétiser la construction commune d’une « route » reliant la Chine et l’UE. Modestement la Chine attribue à l’initiative de « la Ceinture et la Route » la sortie de la récession du commerce sino-européen. Il est vrai que le commerce des services se développe très rapidement, et que celui des marchandises a battu un nouveau record : désormais elles arrivent jusqu’au cœur de l’Europe par le train.

Mais en réalité, l’initiative dépasse les liens avec l’UE et avec le Moyen-Orient ou l’Afrique. Elle tend à inclure les pays de l’Eurasie orientale comme le Japon et la Corée du Sud qui ont manifesté leur intérêt pour la Banque Asiatique, et veut rivaliser avec les projets de marché Asie-Pacifique que conduisaient les États-Unis. Elle englobe aussi les ouvertures chinoises vers les pays de l’Asie du Sud-Est et vers ceux du continent indien (Inde, Népal, Bouthan).

Le projet a aussi une dimension interne : industrialiser les parties les plus rurales du pays, principalement à l’Ouest. Il faut souligner que le projet couvrait initialement les provinces occidentales du pays, notamment la province du Xinjiang. L’idée fut d’abord de compenser l’explosion des coûts sur les provinces côtières (Guangdong, Fujian, etc.) ou sur les grandes mégalopoles (Shanghai, Beijing, Tianjin, etc.) afin de maintenir la compétitivité. Il s’agit désormais de désenclaver les provinces intérieures qui n’ont pas accès au transport maritime à bas coût.  De plus, le transport maritime étant plus coûteux depuis ces régions intérieures, elles ont tout à gagner à maximiser le nouveau réseau ferré continental.

Dans une logique d’aménagement du territoire, la Chine veut aussi reproduire le modèle qui a permis son développement côtier depuis 50 ans : construire des infrastructures de base, notamment des transports pour assurer la croissance économique en facilitant les échanges de marchandises, le flux de capitaux et attirer les investissements étrangers par une fiscalité réduite. 16 provinces sur 27 sont concernées de près ou de loin par les projets des « Nouvelles Routes de la Soie ». Le discours officiel les présente comme une seconde ouverture économique de l’Empire du milieu après celle des réformes de Deng Xiaoping des années 80.

Enfin il s’agit de renforcer les liens que les régions de l’Ouest chinois entretiennent avec les voisins asiatiques de l’ancienne Union Soviétique, y compris l’Afghanistan et le Pakistan en transférant une partie des industries du pays dans ces régions, offrant alors à cet espace une position centrale alors qu’il occupe encore un rôle marginal dans l’économie du monde.

L’initiative « une ceinture et une route » est donc la métaphore de l’affirmation géostratégique et économique de la Chine populaire dans le monde. En quoi le cinéma chinois contemporain annonce-t-il cette expansion ou en marque-t-il les dangers ? C’est ce que notre festival 2019 Reflets du cinéma chinois voudrait offrir aux spectateurs.

Chronologie des projections

DateProjectionsFilmLieu
Mardi 29 janvier13 h 15 1 - Green Worm
2 - The Romantic Story
en partenariat avec le festival "Premiers plans" d'Angers
Univ. Nantes - Campus Tertre (Amphi A, bât. Tertre)
Vendredi 22 mars18 h 00Le Portrait InterditLe Cinématographe
Vendredi 22 mars20 h 45Dragon Blade (séance gratuite)Le Cinématographe
Samedi 23 mars17 h 00Chine, à la Conquête de l'OuestEspace Culturel Univ. ANGERS (le Quatre)
Samedi 23 mars16 h 151 - Zheng He, l’Empereur des mers
2 - Zaytoun, la Chine des Merveilles
Le Cinématographe
Samedi 23 mars21 h 00Tharlo, le Berger tibétainLe Cinématographe
Dimanche 24 mars16 h 15Chine, à la Conquête de l'Ouest (avec un débat conduit par Roland Depierre)Le Cinématographe
Dimanche 24 mars20 h 30La petite VeniseLe Cinématographe
Lundi 25 mars20 h 30Tharlo, le Berger tibétain
Le Concorde NANTES
Jeudi 28 mars18 h 30Tharlo, le Berger tibétainLe Concorde LA ROCHE SUR YON