SHANGHAI, VILLE-MONDE

Shanghai, Ville-monde, car le monde y prend rendez-vous. Ville-monde, car  trente-cinq millions d’hommes y résident. Ville mondiale, car dans ses tours, toutes les nationalités se croisent. Ville mondaine, car elle aime s’exposer sous de nouveaux atours. Qu’on  la quitte pour deux ans, on ne retrouvera plus son chemin.

Shanghai, Ville-monde est proscrite aux vrais photographes. Comme à Paris, New-York ou Istanbul, des millions de photographes amateurs, visiteurs, hommes d’affaires, résidents y reprennent inlassablement les mêmes clichés, à partir des mêmes endroits, selon les mêmes circuits. Par millions aussi, ils se mettent devant leur appareil pour faire benoitement le V à une caméra bonasse. Ils attendent patiemment la brume ou le soleil, l’aube ou le crépuscule, et même la nuit, ou encore demain. Alors que demain ne sera pas un autre jour !

Et pourtant, si on retourne à Shanghai, on ne peut résister, on prend son appareil à la recherche d’un nouvel angle ou d’un même lieu qui aurait vaincu le temps, car Shanghai n’est jamais la même,  mais « restera  toujours… ». C’est autour de cette tension, ou de cette ritournelle, entre cliché et redécouverte, que nous avons conçu ces expositions.

Reflets du cinéma chinois a voulu en premier lieu inviter un photographe chinois, Zhang Hongfeng, à nous faire partager cette expérience ; puis  nous avons retrouvé quelques clichés qui ont circulé en Chine et ailleurs lors de l’exposition Universelle de 2010 (« Rencontrer Shanghai,  embrasser le monde »). Enfin,  nous avons laissé un Nantais, ex-Shanghaien, ressortir quelques photos-souvenirs d’une période où Shanghai refusait de se livrer à la manie photocopieuse des photographes… Le temps n’était pas venu des révolutions numériques.

R.D.