Edition 2015 : Chine Verte

  • 7e édition des Reflets du cinéma chinois.
  • Nantes : Le Cinématographe, du 9 au 12 avril 2015. 
  • La Roche-sur-Yon : Le Concorde.

affiche le 14012015

En cette année de la Conférence mondiale sur le climat, Reflets du cinéma chinois a voulu comprendre comment le cinéma chinois contemporain témoigne des relations complexes que les Chinois entretiennent avec les questions, les problèmes environnementaux, et comment il présente ou conteste leurs choix écologiques.

Les sommets de la Terre se succèdent, mais les menaces sur l’environnement progressent. La Chine, entrée à la fin de années 1970 dans une révolution économique sans précédent, est aujourd’hui reconnue comme la première puissance économique mondiale. Une transformation aussi rapide, concernant un immense pays qui compte la population la plus élevée au monde, n’est pas sans entraîner des conséquences fort préoccupantes sur le plan de l’environnement en Chine, mais aussi pour l’ensemble de la planète. Certes, depuis les années 1970, l’Etat chinois participe aux différentes conférences internationales qui visent à préserver l’environnement au niveau mondial de façon concertée, mais, jusqu’à présent, la politique environnementale qu’il applique sur le plan intérieur est en grande partie inefficace. C’est moins l’effet des décisions prises dans ces instances internationales que les nombreux mouvements sociaux déclenchés par les multiples aspects que prennent les atteintes à l’environnement, qui ont conduit dernièrement les autorités du pays à afficher une prise de conscience qui, il faut l’espérer, sera suivie d’effets. Il reste que l’injonction du progrès industriel ainsi que la corruption endémique qui mine le pays se traduisent encore par une certaine résistance face aux nécessités d’une révolution écologique.

Rappelons quelques données. Riche d’immenses territoires (5500 km sur 5200 km), d’une infinie variété, d’une multiplicité de paysages, d’une diversité biologique incommensurable, d’une incroyable palette de climats qui vont du glacial massif tibétain aux forêts tropicales du Yunnan, des plaines sibériennes aux torrides déserts de Gobi ou du Takla-Makan, l’Empire du Milieu paraît – pour ceux qui lui sont extérieurs – disposer des conditions naturelles les plus favorables à la vie humaine et aux besoins crées par le développement des civilisations, mais les Chinois n’oublient pas que les données sont beaucoup plus ingrates. Pour satisfaire 1/5e de la population mondiale, la Chine ne dispose que de 7 % des réserves en eau de la planète et elle en gaspille une partie importante faute de pratiques économes de l’or blanc. 10 % du sol seulement peut accueillir l’agriculture, tandis que la grande majorité de son espace est soumis à des conditions extrêmes comme l’alternance annuelle des inondations et de la sécheresse, le froid sibérien et la moiteur tropicale. Et c’est sur cette portion de terres arables que se construisent les centaines d’agglomérations et les activités industrielles dévoreuses de foncier. Il est vrai que l’imaginaire chinois – depuis le mythique Empereur Yu le Grand qui, jour et nuit, se serait épuisé à façonner la Terre Jaune comme un corps vivant, jusqu’aux travaux pharaoniques d’empereurs mégalomaniaques qui prétendirent commander aux vents et aux eaux, par le creusement de canaux ou la sacralisation des montagnes – révèle un peuple capable de mesurer, de maîtriser et protéger la terre sacrée de ses ancêtres.

Pourtant les média occidentaux nous ouvrent des horizons beaucoup plus sombres :  engorgement automobile, saturation des atmosphères qui obligent à mettre des mégalopoles en congé, travaux d’aménagement qui ignorent les intérêts ou la sensibilité des populations concernées, ultra-productivisme dévastateur, urbanisation proliférant au préjudice des formes urbaines millénaires, projets de travaux hydrauliques ou routiers qui inquiéteraient Prométhée lui-même, gaspillage des terres arables sans discernement, choix énergétiques qui ébranlent le catéchisme écolo, etc. A les en croire, le « rêve chinois » couvre un cauchemar écologique.

La presse chinoise relève d’autres aspects qui montrent plutôt un volontarisme environnemental. La Chine vend des éoliennes, des panneaux solaires, des filtres antipollution au monde entier. Les OGM vont être bannis. Le reboisement couvre des surfaces jadis abandonnées à la désertification. Des pionniers conquièrent des territoires utiles. Sa population reste très sobre en matière énergétique, dix fois inférieure à celle des États-Unis. Le gouvernement vient de fermer des milliers d’entreprises qui ne respectent pas les normes écologiques. Et promet des mesures radicales avant 2050. Tout paraît possible !

Le cinéma chinois contemporain que Reflets du cinéma chinois présente pour sa 7e édition, ne participe pas de cet optimisme encore moins de la veine épique de la période maoïste. Il présente un ensemble d’œuvres qui s’attachent à montrer comment les citoyens subissent certaines situations, mais aussi les affrontent et forment des projets pour en réduire les effets, ou en prévenir les désastres. Derrière ces activités de résistances ou d’alerte, on voit frémir les attentes d’une société civile qui cherche à interpeller un pouvoir trop sûr de ses choix et de ses investissements qu’il justifie au nom d’un développement nécessaire mais qui peuvent aboutir à des conséquences aussi dramatiques qu’inéluctables.

Notre programmation décrit ces prises de conscience, ces luttes, mais aussi parfois le désespoir d’une population qui, dans la longue histoire culturelle dans laquelle elle s’inscrit, a toujours entretenu un lien privilégié avec la nature. Les films que nous vous proposons, films de fiction mais surtout de nombreux documentaires engagés, illustrent ces différents aspects de la question environnementale en Chine. Le Barrage des Trois-Gorges a longtemps été le symbole de la volonté politique chinoise de soumettre la nature à l’homme : deux films documentaires, Vies nouvelles et Les Marins verts du Yangtsé, examinent les conséquences environnementales et humaines de cette réalisation des années 1990-2000. Aujourd’hui c’est le « projet de transfert des eaux du Sud vers le Nord » (nan shui bei diao) qui suscite de fortes interrogations : c’est l’objet du film intitulé Sud Eau Nord Déplacer, que nous programmons en présence du réalisateur Antoine Boutet. La lutte contre la désertification est un autre aspect de ce nouveau rapport à la nature que connaissent les Chinois : un film poétique, Desert Dream, et un documentaire émouvant, Le Dernier village, en sont l’illustration.  La nature est ainsi meurtrie, mais ce sont aussi les hommes ainsi que les animaux qui paient le prix de politiques qui ne tiennent pas compte des équilibres à respecter en matière environnementale : tous les films le montrent mais en particulier le beau documentaire sur le peuple nomade des Evenks, dans le Nord de la Chine, Le Dernier Elan. La programmation aborde également les problèmes du traitement des déchets (Métal Hurlant) ou de la pollution industrielle (L’Enfant et la Centrale). Enfin, une réflexion poétique sur la transformation de Chine depuis ses origines mythiques vous est proposée à travers le film d’animation intitulé Le Nouveau Livre des Montagnes et des Mers.

Avant l’ouverture du Festival, en janvier, nous avons accueilli deux films inédits, qui ont été  projetés dans le cadre du Festival Premiers Plans d’Angers. Il s’agit de deux premiers films sensibles qui explorent l’intitmité des liens entre un père et son fils (Superfather de Dong Chunze) et les émois amoureux d’un adolescent dans la province du Gansu (The Coral de Fan Xungang).

La programmation cinéma est accompagnée :

Programmation à Nantes

DateHeureFilmLieu
Mercredi 21 janvier14hSuperfatherUniversité de Nantes - Campus Tertre - Bâtiment Censive - Salle de Conférences
Mercredi 21 janvier20hThe CoralLe Lutétia
lundi 6 avril20h301. Le Nouveau Livre des Montagnes et des Mers
2. L'Enfant et la Centrale
Le Lutétia
Jeudi 9 avril18h301. Le Nouveau Livre des Montagnes et des Mers
2. L'Enfant et la Centrale
Le Cinématographe
Jeudi 9 avril20h30Sud Eau Nord DéplacerLe Cinématographe
Vendredi 10 avril10hLe Dernier Elan d'AoluguyaUniversité de Nantes - Campus Tertre - Bâtiment Censive - Salle de Conférences
Samedi 11 avril14h1. Les Marins verts du Yangtsé
2. Vies nouvelles
Le Cinématographe
Samedi 11 avril21hDesert DreamLe Cinématographe
Dimanche 12 avril14h1. Métal hurlant
2. Le Dernier Village
Le Cinématographe
Dimanche 12 avril20h45Le Dernier Elan d'AoluguyaLe Cinématographe
Evénement à Nantes
DateHeureÉvénementLieu
Mercredi 8 avril - jeudi 7 mai10h-17hExposition de photographies "Mutations chinoises"Centre Interculturel de Documentation
Jeudi 22 janvier15hConférence : Le cinéma chinois depuis la Révolution culturelle par Xu Feng (Institut national des arts dramatiques de Pékin)Centre universitaire départemental de l'Université de Nantes à La Roche-sur-Yon
Vendredi 10 avril18hVernissage de l'exposition "Mutations chinoises"Centre Interculturel de Documentation
Vendredi 10 avril18h30Conférence : Les Chines vertes: les populations face aux défi environnemental par Sylvie Démurger, (CNRS - Groupe d’analyses et de théories économiques)Centre Interculturel de Documentation
Vendredi 10 avril9h-17hJournée d'études : Imaginaires de l'environnement en Asie (Inde - Chine - Taiwan)Muséum d'Histoire naturelle - Amphithéâtre
Programmation à La Roche-sur-Yon
Date
HeureFilmLieu
Mardi 7 avril14hZhang Lü, Desert DreamLe Concorde
Mardi 7 avril20hAntoine Boutet, Sud eau Nord déplacerLe Concorde